Face à la pénurie actuelle de masques et aux enjeux de production massive qu’implique la généralisation de leur port dans l’espace public, le groupe Michelin se mobilise sur plusieurs fronts pour répondre au défi à l’échelle française et bien au-delà. Tout d’abord, son appareil industriel et ses expertises R&D et manufacturing sont mis à profit pour développer, fabriquer et mettre à disposition d’importants volumes de masques : le plan communiqué en fin de semaine dernière annonce que dix de ses usines en Europe se lancent dans la production de masques chirurgicaux de catégorie 1, dans leurs propres ateliers et/ou en lien avec leurs partenaires et sous-traitants. La moitié de ces sites sont situés en France, et les autres répartis entre l’Allemagne, l’Italie, la Pologne et la Roumanie, sachant que l’objectif est d’atteindre un rythme de production de quelque 400 000 masques par semaine. Et la formule devrait bientôt s’étendre à l’Amérique du Nord. Par ailleurs, Michelin s’est associé à l’initiative lancée dès les premiers jours du confinement par le collectif grenoblois Voc-Cov pour la production d’un masque répondant aux besoins exigeants des professionnels de santé (voir NL 3109). Mis au point en recourant notamment à l’impression 3D, ce masque en plastique souple baptisé OCOV entre dans la catégorie P1 et P2 compte tenu de la limitation des fuites que permet la couverture de la bouche, du nez et du menton, avec l’avantage d’être réutilisable jusqu’à 100 fois grâce à ses filtres lavables (une vingtaine de fois chacun pour les 5 filtres fournis). En s’appuyant sur les capacités d’industriels de la région Auvergne-Rhône-Alpes, une pré-série de 5 000 unités est en cours de fabrication, mais l’objectif de production est d’atteindre un million de masques par semaine courant mai. Cinq millions d’unités pourraient ainsi être fournies d’ici fin juin, soit l’équivalent de 500 millions de masques jetables (sachant que le prix unitaire devrait être un peu moins de 10 fois supérieur aux 3 € d’un masque classique). On notera qu’une partie de la production devrait être fournie gracieusement par Michelin aux Agences Régionales de Santé. Dans le même esprit, et en réponse à la demande de plusieurs hôpitaux, l’industriel s’est également lancé dans la production de visières en polycarbonate stérilisables. Dès cette semaine, pas moins de 10 000 unités devraient être produites, notamment en coordonnant un réseau de sous-traitants. Enfin, le groupe mentionne aussi son implication dans d’autres projets (respirateurs, pièces pour appareils médicaux, billots hospitaliers, gel hydro-alcoolique…). MR
Le groupe Michelin mobilise 10 usines en Europe pour la production de masques chirurgicaux, et s’associe au collectif Voc-Cov qui a développé un masque plastique performant à filtres réutilisables.
Crédit photo Michelin / Voc-Cov