La validation hier, par un Parlement européen réuni en séance plénière, du projet de révision de la directive 96/53/CE plus connue sous le nom de « Poids et Dimensions » a déjà fait couler beaucoup d’encre. Formalisé à la mi-février par la commission parlementaire Transports, ce texte prévoit notamment de rationaliser la circulation des mégacamions dans l’Union européenne, dans un objectif affiché d’aider les transporteurs à atteindre leurs objectifs de décarbonation et de favoriser l’essor des véhicules électriques ou à hydrogène, plus lourds et volumineux que leurs homologues à moteur thermique. Le cœur du sujet, c’est que la circulation transfrontalière de poids-lourds de 44 t et/ou d’ensembles routiers de type EMS (European Modular System), ces camions à remorques qui peuvent mesurer jusqu’à 25 m et peser 60 t (déjà sur les routes en Allemagne, en Suède, en Finlande et aux Pays-Bas notamment), puisse être autorisée « automatiquement », à partir du moment où la réglementation nationale des deux pays membres concernés les autorise déjà sur leurs territoires respectifs. Car aujourd’hui, même si la circulation des 44 t est autorisée en France depuis 2013, le transport routier intracommunautaire reste limité à 40 t, même avec les pays qui tolèrent les 44 t sur leur territoire, comme c’est le cas par exemple pour le Benelux et l’Italie. Le projet de révision précise également que cette facilité pour les 44 t transfrontaliers ne s’appliquera plus qu’aux véhicules « zéro émission » à partir de 2035. Il n’empêche, ce feu vert des eurodéputés à 330 voix pour (207 contre et 27 absentions) a provoqué une levée de boucliers du côté des écologistes et des acteurs du ferroviaire (voir NL 3939), ainsi que de certains élus qui s’inquiètent des conséquences sur la dégradation de l’état des infrastructures routières. En fait, rien n’est définitif. Ce texte sera transmis à la prochaine législature après les élections européennes : il devra faire l’objet d’une négociation future entre le Conseil des ministres de l'UE, la Commission de Bruxelles et le nouveau Parlement élu au soir du 9 juin. Et notre ministre des Transport Patrice Vergriete s’est déjà exprimé hier sur les réseaux sociaux pour réaffirmer la position française, en l’occurrence le « refus d’une libéralisation de la circulation internationale des camions de 44 t et des méga camions », et « la priorité au report modal, en particulier vers le ferroviaire ». JLR