Avec 99 transactions pour quelque 1,7 M de m², les prestataires ont représenté 55% de la demande placée en immobilier logistique l’an dernier. C’est seulement la 2ème fois en 13 ans qu’ils devancent les chargeurs, après le précédent de 2020 sur fond de Covid, relève le bilan annuel d’Arthur Loyd Logistique présenté début février aux multiples parties prenantes du secteur (avec une intervention d’Éric Hémar, Pdg d’ID Logistics, voir suite). « Des logisticiens ont même pris position sans avoir de contrat préalable avec un client », notait Louis-Marie Masfayon, le responsable Études d’ALL*. Dans un contexte pourtant sous le signe de la « permacrise », le marché a plutôt résisté : « Avec 3,2 M de m² placés, le recul est seulement de -9% et 2023 reste dans la moyenne décennale. Toutefois, certaines grosses transactions avaient été initiées bien avant, à l’image des 4 premières du Top 10 », a-t-il précisé. Avec ses quasi 80.000 m², l’opération conjointe de Carrefour et d’Argan près de Caen était en effet annoncée de longue date (voir NL 3819), de même que les 63.000 m² entrepris par Stokomani à Verneuil, dans l’Oise (voir NL 3772). Certes, les chargeurs restent majoritaires dans ce Top 10 des transactions (où se glissent les 3PL Houtch, Alainé ou FM Logistic), mais au global leur demande placée est en retrait de -25%. Les acteurs du e-commerce affichent même -91%, après une année 2022 marquée par les 141.000 m² signés par Zalando (voir 3558), tandis que la grande distribution et ses -50% n’est plus le moteur du marché. Mais parmi les chargeurs, les industriels se distinguent avec plus de 600.000 m² pris à bail (+108%), dont les opérations ≥ à 50.000 m² d’AB InBev, Gerflor, Groupe Atlantic ou Intex. Une tendance durable, s’interroge ALL ? À ce stade, c’est surtout la déconfiture du retail qui impacte le marché : d’une part des entrepôts reviennent sur le marché (potentiellement 700.000 m² liés aux déboires du Groupe Casino et de ses branches logistiques ou e-commerce, estime ALL), d’autre part des m² sont libérés chez des 3PL (sans être comptabilisés en offre disponible). Le tout pourrait procurer une bouffée d’air aux pôles lyonnais ou marseillais toujours en mal de disponibilités, ont fait valoir les experts-maison. « Sur ce 1er trimestre, un million de m² devraient arriver sur le marché », a synthétisé Didier Terrier, le DG d’ALL, en soulignant qu’un rebond de l’offre disponible pourrait modérer la hausse des loyers, déjà réduite à +4% l'an dernier contre +8% sur 2022 (voir suite) MR
* ALL comptabilise les transactions sur des entrepôts de plus de 10.000 m², et les baux d’au moins un an.