Les volumes du transport routier de marchandises ont engagé courant 2022 une baisse qui modère le problème de sous-capacité côté transporteurs, mais le contexte inflationniste a vu les chargeurs tenus de « digérer » des augmentations de tarifs supérieures à 4%, en moyenne, relève l’étude Chargeurs annuelle du cabinet bp2r et de l’AUTF, dressée sur la base d’un questionnaire rempli en début d’année par plus de 200 responsables Transport. Fait plutôt inédit, une large majorité des répondants (60 %) n’anticipent pas d’augmentation de leur recourt au transport routier pour 2023, mais plutôt une stagnation, voire un recul pour un quart d’entre eux. Mais l’effet de ce rééquilibrage offre/demande sur le redressement de la qualité de service se fait attendre : les répondants ont constaté un taux de report et d’annulation de prise en charge encore supérieur à 6 % l’an dernier, après le pic de 6,7 % de 2021. Et la détente du marché n’enraye pas non plus la hausse des prix, les chargeurs tablant sur une augmentation de 4,3 % sur cette année. L’étude souligne l’impact mécanique de plusieurs revalorisations des grilles salariales des conducteurs (+12 % sur 2022), de l’augmentation du prix des véhicules (+11 %), ou de l’inflation touchant la maintenance et les péages. Et cela n’inclut pas le volet carburant, hors du périmètre des tarifs vu sa répercussion en pied de facture. Associé chez bp2r et co-auteur de l’étude, Xavier Villetard prévient que ces éléments pesant sur l’équation de coûts des transporteurs seront sans doute définitifs, et anticipe une poursuite de l’augmentation des tarifs à un rythme bien au-delà des +0,5 à +1 % par an qui ont longtemps prévalu dans le secteur. Mais l’équation économique du TRM qui se met en place contribue à remobiliser les chargeurs sur des sujets structurants pour optimiser les coûts (remplissage des camions, mutualisation, voire réduction des fréquences de livraison…), ou en matière de digitalisation. Et la rentabilité retrouvée des transporteurs est par ailleurs essentielle pour financer leurs investissements liés à la décarbonation, et renouveler leur parc de matériel roulant. MR