Parmi les spécialistes du secteur, Arthur Loyd Logistique est le seul à relever une progression de la demande placée au 1er trimestre (+8%, avec 850 000 m² commercialisés), sa méthodologie ne prenant pas systématiquement en compte les transactions inférieures à 10 000 m² (en net recul selon ses confrères). Mais même en relevant une demande placée supérieure de 26% à la moyenne décennale, le DG d’ALL tempère : « Aussi encourageante soit-elle, cette bonne performance ne saurait être considérée comme représentative du marché actuel, pénalisé par un net ralentissement de la demande exprimée par les utilisateurs ». Le recul est manifeste sur les deux pôles phare de la dorsale, Ile-de-France et région lilloise ; le lyonnais pâtit d’un manque d’offre persistant ; et seule la région marseillaise a progressé, stimulée par le parc de Bollène. Le trimestre a en fait été marqué par l’élan des pôles secondaires (avec 374 000 m², soit +132% par rapport à 2022) avec un « certain succès » de plateformes lancées en blanc sur l’Orléanais, en Normandie, dans le Grand-Est et en Occitanie. « Pour autant, ce sont des projets clés en main, initiés pour partie avant la guerre en Ukraine, et dont les permis de construire et certifications ICPE viennent d’être purgés de tous recours, qui ont plus particulièrement stimulé ces marchés », note Didier Terrier. Fait plus marquant, les prestataires ont battu un record d’activité pour un 1er trimestre, avec plus de 500 000 m² acquis ou pris à bail (soit 61% du total). « Dans un contexte d’incertitudes fortes pour les chargeurs, le recours à des prestataires - par le biais de contrats courts - leur permet de garder une certaine flexibilité quant à leur politique immobilière », ajoute-il. Quatre transactions XXL de 3PL (dont XPO à Combs-la-Ville ou Simastock à Douvrin) contribuent d’ailleurs à faire du segment ≥ à 40 000 m² le plus important en volume (307 000 m²), même si c’est à l’opposé celui de 10-20 000 m² qui a connu la plus forte dynamique (+82% avec 264 000 m²). Mais vu de l’utilisateur, la période est surtout marquée par la hausse continue des loyers, à laquelle Supply Chain Magazine consacre un dossier dans le numéro d’avril du mensuel (comme évoqué en Une), auquel ALL a contribué en relevant ses multiples facteurs : raréfaction de l’offre immédiate, maintien relatif de la demande placée, augmentation des coûts de construction et durcissement des conditions de financement, sans compter l’évolution des bâtiments eux-mêmes. MR
Didier Terrier, directeur général d’Arthur Loyd Logistique © ALL