C’est le Jour 1 du déconfinement. La France tente de se remettre sur ses deux pieds, de sortir de sa chambre d’hôpital. Il ne s’agit pas tout de suite de piquer un sprint, mais de recommencer progressivement à déambuler dans le couloir, en prenant toujours appui sur sa potence de perfusion (au moins jusqu’au 1er juin). Fort heureusement, les organes vitaux et les vaisseaux sanguins n’ont jamais cessé de fonctionner (merci à eux), mais les muscles sont très engourdis. Certains sont atrophiés et vont avoir du mal à redémarrer, quand d’autres sont encore sous anesthésie. Il va falloir faire preuve de courage, de ténacité et bien sûr de prudence, car la rechute n’est pas exclue. Cette analogie avec le corps humain n’est pas très originale, on la voit souvent utilisée à l’échelle d’une entreprise pour expliquer le rôle du Supply Chain Management (prévisions, planification, appros, production, distribution) dans la régulation des flux (le sang et l’oxygène) et des stocks (les poumons-entrepôts), l’appareil productif jouant le rôle des muscles. Cette fonction SCM est plus que jamais aux manettes pour définir les priorités dans les commandes et la production, dans un mode de fonctionnement dégradé, et tenter de maîtriser les effets coup de fouet et accordéon qui ne manqueront pas de se produire sur la chaîne d’approvisionnement. Mais n’oublions pas que ce qui donne un sens à la Supply Chain, c’est avant tout la demande. Or, dans le secteur de la production de fournitures industrielles par exemple, des usines qui avaient redémarré sont contraintes de s’arrêter à nouveau, non pas faute de personnel, de masques ou de gel hydro-alcoolique, mais parce qu’il n’y a tout simplement plus de commandes, y compris à l’international… Heureusement, le déconfinement est devenu une tendance planétaire. Espérons que cette période de réamorçage ne dure pas trop longtemps car la pochette de perfusion (dispositif d’activité partielle) n’est pas illimitée.
Jean-Luc Rognon