Créée en 2010 et spécialisée dans la mobilité hydrogène, le français Symbio a profité du sommet mondial Movin’On qui se tient actuellement à Montréal au Canada pour annoncer ses intentions en matière d’industrialisation de ses piles à combustible. L’année 2019 est décisive pour cette société, qui figurait parmi les huit finalistes des Rois de la Supply Chain 2018 (avec Cetup), avec un projet d’augmentation d’autonomie d’une Kangoo ZE grâce à une pile à hydrogène. En février dernier, Symbio devient filiale du Groupe Michelin, qui signe un mois plus tard une lettre d’intention avec Faurecia plaçant Symbio au cœur d’une joint-venture entre les deux groupes. L’enjeu est désormais pour l’entreprise prouver qu’elle va pouvoir maîtriser la chaîne d’approvisionnement de chaque composant en matière de coût et de délai, à un niveau de qualité automobile. Les prévisions de marché tablent sur près de 2 000 camions et plus de 20 000 véhicules utilitaires légers rien que pour la France d’ici à 2028, plus d’un million de véhicules en Chine et près du double en Corée d’ici à 2030. Pour relever ce défi, Symbio doit rapidement mettre en place un outil de production permettant de mettre sur le marché d’ici 2030 des centaines de milliers de stacks pour les camions et les véhicules utilitaires et près d’un million de stacks pour le marché automobile. « Un système hydrogène comprend plusieurs centaines de cellules identiques (ndlr : qui constituent un « stack ») et le moindre défaut sur l’une d’elles demande une réparation. Produire dix mille systèmes sans réparation suppose donc de produire plus d’un million de pièces identiques et sans défaut » explique Fabio Ferrari, le CEO de Symbio. L’entreprise grenobloise estime avoir au moins deux atouts pour réussir à passer ce cap de l’industrialisation agile. Le premier est son expérience en matière industrielle, qui l’a conduit par exemple à faire le choix de plaques bipolaires métalliques pour s’appuyer notamment sur le savoir-faire des fabricants de joints de culasse. Le second est d’avoir déjà prouvé sa capacité à travailler avec un constructeur (en l’occurrence Renault Tech avec les Kangoo ZE H2), à s’adapter à son planning et à concevoir des produits facilement intégrables dans ses chaînes de production. Mais Symbio est particulièrement attentive au fait que cette montée en capacité, qui aura pour effet de diviser par 20 le prix de la pile et de ses composants, ne se fasse pas au détriment de l’agilité et de la réactivité des acteurs, d’autant que les différents segments de marché ont des niveaux de maturité différents. Son credo : pour que les projets avancent rapidement, les circuits de décision doivent rester courts et largement dans les mains de « ceux qui exécutent ». Serait-ce un message destiné à sa maison-mère ? JLR
Créée en 2010, Symbio est devenue une filiale du groupe Michelin en février 2019.
Crédit photo Symbio