Par ce titre très « goncourtisable » (clin d’œil au roman L’Amour et les forêts d'Éric Reinhardt, en lice pour le Prix Goncourt il y a 10 ans), je veux vous parler de rentrée non pas littéraire mais réglementaire. Avez-vous déjà entendu parler de l’EUDR ? Ce règlement européen contre la déforestation (RUED en français) va obliger bon nombre d’entreprises à enquêter systématiquement sur leur supply chain pour pouvoir prouver que certaines matières premières contenues dans leurs produits ne sont pas issues de parcelles de forêts protégées par les lois anti-déforestation. Les catégories de matières premières ciblées sont au nombre de sept : le bœuf, le soja, l'huile de palme, le cacao, le café, le caoutchouc et le bois. « Beaucoup de sociétés, y compris parmi nos clients, ne se sentaient pas vraiment concernées ; mais quand on se penche sur la question, on se rend compte que ce règlement va toucher énormément d’entreprises » a reconnu la semaine dernière Jean-Christophe Cuvelier, le CEO de myTower lors d’un webinaire. Cela va impacter beaucoup de produits finis comme les pneus, l’automobile, l’agroalimentaire, la chaussure, les meubles, l’outillage, le papier, les jouets, etc. Sous peine de se voir infliger une interdiction de commercialisation, les entreprises concernées devront rapidement se doter, si ce n’est pas déjà le cas, d’un SI capable non seulement de collecter des informations de traçabilité jusqu’à l’origine de chaque matière première, mais aussi de documenter et d’évaluer les risques de non-conformité. Côté UE, le système d’enregistrement des « déclarations de diligence raisonnée » est techniquement prêt à fonctionner, puisque la date d’entrée en vigueur de l’EUDR pour les grandes entreprises était fixée au 30 décembre 2024. Je dis bien « était », puisqu’en début de mois, la Commission européenne a fait savoir qu’elle proposait de repousser l’échéance d’une année ! Jean-Luc Rognon