Pas d’année florissante en perspective pour les transporteurs routiers en Europe, qui auront à relever plusieurs grands défis, selon une analyse de l’opérateur de la plateforme digitale de transport multimodal Upply. Son expert William Béguerie estime notamment qu’ils devront composer avec un prix du carburant très volatil, un retournement du rapport de force chargeurs/transporteurs et une pression croissante sur le reporting CO2. « Comme en 2023, il y a fort à parier que les prix du carburant continueront à faire du yo-yo en fonction des crises internationales », explique-t-il. Par ailleurs, la baisse de la demande devrait redonner la main aux chargeurs dans les négociations, évolution constatée ces derniers mois avec le repli bien plus modéré sur le marché des taux contractuels que celui des taux spot (voir infographie issue du dernier benchmark trimestriel Upply/Ti/IRU). « Commander un transport en dernière minute n’est plus systématiquement synonyme de prix plus élevé, note Upply. Cette situation, qui a perduré tout au long de l’année écoulée, est un signe avant-coureur d’une pression à la baisse sur les prix contractuels qui sont renégociés à chaque appel d’offres ». Preuve de ce nouveau rapport de force, certains chargeurs ont fait savoir en Allemagne qu’ils ne prendraient pas immédiatement à leur charge la surtaxe liée à la réforme des péages d’autoroutes pour poids lourds entrée en vigueur au 1er décembre 2023 (voir NL 3866). Dernier défi majeur à relever pour les transporteurs, l’entrée en vigueur en début d’année de la directive européenne Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD), qui impose un reporting environnemental aux entreprises de plus de 500 salariés et 40 M€ de CA sur 2024 (l’extension aux structures de plus de 250 collaborateurs est prévue en 2025). « Il ne faut pas sous-estimer le fardeau potentiel de déclaration et les coûts de conformité de cette directive, relève Upply. Tous les transporteurs qui dépassent les seuils fixés sont directement concernés et tous ceux qui travaillent pour des chargeurs qui sont eux-mêmes concernés par la directive vont être incités à communiquer sur leurs émissions et plus largement sur leurs données ESG ». AD