Dans le communiqué final du dernier G20, qui s’est tenu les 9 et 10 septembre à New Delhi (en l’absence des présidents chinois et russe), pas de condamnation de la guerre en Ukraine ni de déclaration fracassante sur la lutte contre le réchauffement climatique. En revanche, il a largement été question de supply chain avec la signature –en marge du sommet– d’un protocole d’accord portant sur un grand programme censé booster les relations économiques et commerciales entre l’Inde, le Moyen-Orient et l’Europe, avec le soutien des États-Unis (en présence des principaux leaders des États concernés –Inde, États-Unis, Arabie Saoudite, EAU, France, Allemagne, Italie– et de la présidente de la commission européenne Ursula von der Leyen). Ce projet IMEC (India-Middle East-Europe Economic Corridor), dont le budget et le calendrier doivent être précisés d’ici deux mois, prévoit notamment d’établir un corridor ferroviaire et maritime reliant l’Inde à l’UE en passant par Dubaï (par mer), puis par voie ferrée au travers des Émirats Arabes Unis, de l’Arabie Saoudite, et de la Jordanie jusqu’en Israël, avant de reprendre la voie maritime vers les ports méditerranéens (dont Marseille). L’un des objectifs est de rendre les transports de marchandises moins chers et plus rapides qu’en passant par le Canal de Suez, à l’heure où l’Inde ambitionne de devenir la nouvelle usine du monde. Sur un plan géopolitique, difficile de ne pas faire le parallèle entre cette initiative, déjà surnommée « nouvelle route des épices », et le programme des « nouvelles routes de la soie » lancé en 2013 par la Chine (dont font d’ailleurs partie l’Italie, l’Arabie Saoudite et les EAU), et qui déploie des investissements massifs en infrastructures dans de nombreux pays en développement. Notamment dans le port de Gwadar, chez le « frère-ennemi » de l’Inde, le Pakistan. Jean-Luc Rognon