Newsletter quotidienne n° 3792

Selon nos informations, Flink cherche à vendre très rapidement ce qui lui reste de son réseau en France. Ses 19 dark stores de centre-ville à Paris, Lille, Bordeaux, Nantes, Lyon, Marseille, Montpellier, Toulouse et Nice sont à céder, suite au placement de la filiale française de l’enseigne allemande de quick commerce sous redressement judiciaire, début juin, et l’annonce par la maison-mère de sa volonté de ne pas poursuivre ses activités dans l’Hexagone (34 M€ de chiffre d’affaires en 2022, avec 548 CDI). Flink France avait racheté Cajoo mi-2022, ce qui lui avait permis de mettre la main sur le partenariat avec Carrefour (au capital, et comme fournisseur), d’étendre son parc hors de Paris, avec 30 dark stores au total. Carrefour avait dit s’appuyer sur les capacités logistiques et opérationnelles de Flink pour accélérer son propre service de quick commerce, Carrefour Sprint. Certains de ces sites, qui stockent de l’alimentaire essentiellement, et d’où partent en 2 roues les livraisons promises dans des délais très rapides (moins de 30 minutes), ont dû fermer. Le Gouvernement a en effet décidé, mi-mars 2023, de les classer comme des entrepôts, et non comme des commerces, obligeant leurs exploitants à engager des démarches administratives et des investissements pour se mettre en conformité avec les PLU. La filiale française du Turc Getir, qui a lui repris son rival allemand Gorillas (qui avait lui-même racheté le français Frichti) ne va guère mieux, placée sous redressement judiciaire depuis mai dernier. A ce jour, ces nouveaux acteurs du e-commerce alimentaire n’ont pas réussi à tenir leurs promesses. VL

Le Groupe La Poste poursuit la modernisation du réseau de hubs de traitement de colis de sa branche Colissimo, et c’est tout un collectif qui est mobilisé pour la construction et l’équipement de celui de Grand-Couronne, près de Rouen. La réalisation en cours de cette plateforme de 19 000 m² est menée par le développeur-investisseur P3 Logistic Parks sur une friche industrielle de 12 hectares relevant d’Haropa Port. Le contractant général GSE s’en est vu confier la construction, débutée en novembre dernier pour une livraison en fin d’année. Signé du cabinet A26 Architectures, le site vise une certification Breeam Excellent. Et pour réduire les émissions carbone liées à l’exploitation du futur site, P3 a fait appel au spécialiste de l’efficacité énergétique Accenta, qui s’était notamment illustré lors de la réalisation par Prologis de son 1^er entrepôt « carbone neutre » pour Monoprix à Moissy-Cramayel (voir NL 3041). À Rouen, Accenta a prévu l’installation de pompes à chaleur géothermiques permettant de couvrir les trois quarts des besoins en chauffage du bâtiment, le complément relevant d’une pompe à chaleur aérothermique. Le site sera aussi équipé d’une centrale photovoltaïque en autoconsommation. « Cette collaboration avec La Poste Immobilier représente pour P3 France son premier projet clés en main, avec de nombreuses discussions lors de la phase de conception pour que le bâtiment corresponde vraiment aux besoins des équipes. C’est aussi une belle illustration de notre ambition à tendre vers des entrepôts toujours plus vertueux », soulignent Adrien Beuriot et Nicolas Camus, respectivement directeur général et directeur projets de P3 Logistic Parks France. Destiné à étoffer la capacité de Colissimo pour accompagner la croissance du e-commerce tout en s’inscrivant dans la démarche RSE qu’avait récemment rappelée son DG Jean-Yves Gras (voir NL 3780), ce futur hub sera également en pointe côté process avec un système de tri conçu et configuré par Fives. Ce dernier a déjà réalisé plusieurs installations pour Colissimo ces dernières années, basées sur la performance et la fiabilité de sa technologie de tri Geni-Belt. L’installation rouennaise associera trieurs cross-belt superposés, d'une longueur de plus d'un kilomètre, avec plusieurs lignes d'induction à grande vitesse Geni-Feed et plusieurs centaines de points de chute pour alimenter les rolls, minivans et des camions ensuite mobilisés pour livrer les colis au niveau local comme à l’international. À l'été 2024, le système permettra d’assurer le tri de de 300 000 colis/j. Et pour répondre aux variations de volume à traiter, Fives a conçu une solution évolutive dont la capacité pourra être étoffée au-delà du débit nominal (jusqu’à +116%) avec un minimum d'investissement. MR

Dans un contexte difficile, marqué par le retour de l’inflation et la guerre en Ukraine, Jungheinrich a vu tout de même son CA monde progresser de 12,3 % en 2022, à 4,76 Md€ (+ 10,5 % en 2021). « Nous avons appliqué ce que nous avons appris pendant la pandémie, souligne Lars Brzoska, président du directoire de Jungheinrich. Grâce au modèle de production agile et au développement du multi-sourcing que nous avons mis en place depuis la crise sanitaire, nous avons pu maintenir notre niveau de production et nos capacités de livraison ». Les recettes du groupe issues de la seule vente de chariots neufs ont ainsi bondi de 18 % et celles de l’ensemble de son segment d’activité intralogistique de 14,7 % (4,87 Md€, avant réconciliation des comptes). Fort de ces évolutions, Jungheinrich a recruté plus de 700 nouveaux collaborateurs, portant ses effectifs à 19 800 à la fin 2022. Et sa filiale française a suivi cette tendance. Jungheinrich France a embauché 150 nouveaux collaborateurs, avec un CA qui a franchi la barre des 400 M€ (393 M€ en 2021). En travaillant à l’accélération des solutions d’automatisation et d’entreposage, elle table sur les 500 M€ d’ici à 2025. « Nous avons encore fait des avancées majeures cette année dans les domaines de l’automatisation, des systèmes énergétiques, de la digitalisation, et du développement durable », rappelle Julien Calloud, le président Jungheinrich France. Le spécialiste des solutions intralogistiques a notamment lancé un système de stockage d’énergie par batterie stationnaire (voir NL 3553) et développé les capacités de son AMR Arculee S (voir NL 3761). AD

La société néerlandaise Mammoet, spécialisée dans le levage et le transport sur route ou sur l’eau d'objets hors gabarit, annonce le lancement d’une option « zéro émission » sur son transport SPMT, compatible avec n’importe quelle remorque modulaire de sa flotte, et sans perte de performance. Le concept du SPMT (Self-Propelled Modular Trailers), ou transporteurs modulaires autopropulsés en français, a été popularisé par Mammoet depuis 1984 (il n’en a pas l’exclusivité). Il s’agit d’assembler et de connecter entre eux différents modules à essieux, en fonction de la taille et du poids de la charge lourde à transporter, pour constituer une plate-forme roulante, autopropulsée, qui peut être utilisée notamment dans l’industrie lourde, la construction navale, le secteur oil & gas ou pour la logistique de grands projets. L’option zéro carbone est une opération de retrofit : elle consiste à remplacer les groupe motopropulseurs diesel de chaque remorque par des blocs d’alimentation électriques, avec une puissance comparable. Mammoet souligne par ailleurs que le niveau de bruit est ainsi nettement réduit, ce qui peut faciliter les opérations dans les zones à proximité d’habitations. Cette nouvelle solution a été en partie financée par le programme DKTI mis en place par le gouvernement néerlandais pour développer en logistique des technologies et innovations à faible empreinte environnementale. JLR

Le groupe CMA CGM est devenu actionnaire des terminaux à conteneurs espagnols de Valence (CSP Iberian Valencia Terminal) et de Bilbao (CSP Iberian Bilbao Terminal) à hauteur de respectivement 49 % et 38 %. Ces opérations, encore soumises au feu vert des autorités de régulation, ont été réalisées via des rachats de titres auprès du groupe financier espagnol TPIH Iberia, jusqu’ici deuxième actionnaire des terminaux après le chinois Cosco Shipping Ports. « Ils viendront compléter nos terminaux d’Algésiras et de Séville en nous permettant de gérer des opérations d’expéditions et de logistique intérieures de bout en bout, en plus d’offrir aux clients locaux une connexion au monde », souligne CMA CGM. Doté de 2 300 mètres de quai, le terminal à conteneurs de Valence est l’un des plus important du pays avec une capacité annuelle de 3,5 millions d’EVP et le premier des terminaux pour la desserte de l’hinterland, notamment Madrid. Le terminal de Bilbao affiche pour sa part 1 150 mètres de quai et une capacité annuelle de 950 000 EVP. Il est en outre connecté au nord de l’Europe via de nombreuses liaisons short-sea, notamment celles proposées par CMA CGM. Dans le pays, l’armateur opère aujourd’hui 35 lignes maritimes desservant 18 ports. Sur la Péninsule ibérique, Ceva Logistics, sa filiale 3PL, dispose de son coté de 42 entrepôts (500 000 m²). AD