Tant côté utilisateurs qu’investisseurs, l’optimisme est un peu retombé au 1er trimestre sur le marché français de l’immobilier logistique, relève CBRE, premier à livrer son analyse des chiffres Immostat. Si les quasi 930 000 m² placés sont au-delà de la moyenne décennale, le recul est de -24% par rapport au début 2022, dans un contexte de tensions économiques et géopolitiques, d’incertitudes financières et de pénurie d’offre sur certains pôles. « La prudence reste de mise, mais un certain nombre d’utilisateurs poursuivent l’ajustement de leur outil immobilier, en lien avec la restructuration des schémas logistiques », tempère Pierre-Louis Dumont, directeur exécutif de l’Agence Industrial & Logistics France de CBRE. Sans contrebalancer le recul continu de l’offre disponible, le ralentissement de l’activité lié à celui de la consommation des ménages modère d’ailleurs un peu les tensions, avec des libérations de m² orientées à la hausse. Mais le développement d’offre neuve sera essentiel pour réenclencher la dynamique, souligne CBRE, en relevant les freins liés à la conjoncture comme à la politique de sobriété foncière. « Dans un contexte d’augmentation des coûts de construction et de financement, impactant à la hausse les taux de rendement, se pose la problématique de l’équilibre financier de ces nouveaux développements », ajoute Pierre-Louis Dumont. Le tout concourt en tout cas à une augmentation continue des loyers « qui interroge », notamment sous l’angle de l’acceptabilité par les utilisateurs (le sujet fait d’ailleurs l’objet d’un dossier à paraître dans le numéro d’avril de notre mensuel de Supply Chain Magazine). Preuve d’une équation chahutée, l’investissement marque d’ailleurs un recul un peu supérieur à celui de la demande placée. « Cela témoigne du changement de paradigme et de l’ajustement des investisseurs à la nouvelle donne financière amorcé dès la seconde partie de 2022 », observe François-Régis de Causans, directeur Investissement I&L. Mais en tant que classe d’actif, l’attrait de l’immobilier logistique n’est guère remis en cause sur le long terme, d’autant que les liquidités à placer restent importantes. « Depuis début mars, nous sentons les soubresauts d’un marché qui devrait reprendre en vigueur dans les mois à venir », conclut-il sur une note plus positive. MR