Les entreprises doivent considérer la résilience de la supply chain moins comme la capacité à faire face à une situation inédite que comme un avantage concurrentiel. C’est en résumé le message qu’ont tenu à faire passer le cabinet Accenture et le Massachusetts Institute of Technology lors d’une conférence commune lundi sur le salon Tech for Retail, à la Porte de Versailles. David Simchi-Levi et Nicolas Bouvet, respectivement professeur au MIT et directeur de l’activité supply chain pour le retail Europe chez Accenture considèrent que les entreprises, au-delà de la simple identification de leurs expositions aux risques, peuvent creuser l’écart sur leurs concurrentes en réalisant un véritable stress test qui évalue précisément la résilience de leur supply chain. Les deux partenaires ont ainsi codéveloppé il y a deux ans une offre allant dans ce sens, qui allie l’expertise métier du cabinet de conseil et les capacités en data science de l’institut américain d’enseignement et de recherche. Basée sur des questionnaires, des analyses comparatives et des jumeaux numériques, ce stress test permet à ses bénéficiaires d’étudier le comportement de leur supply chain selon plusieurs dizaines de grands scénarios (baisse soudaine de la demande, rareté d’une matière première, perturbation d’un port clé, réduction des capacités de transport, fermeture d’usine d’un fournisseur de rang 1, etc.). Au global et pour chaque scénario sont calculés des scores dits de récupération (time to recover) et de survie (time to survive). Le premier correspond au temps qu’il faudrait à un nœud particulier de la supply chain pour retrouver son fonctionnement normal après une rupture et le second à la durée maximale pendant laquelle la supply chain peut à la demande après rupture. Les enjeux sont importants. Chez Ford, le stress test à la résilience a par exemple fait apparaître que le constructeur automobile américain était exposé à un risque Supply Chain de plus de 2,8 Md$ (1,5 Md$ au seul titre des mono-fournisseurs à faibles stocks). « Il est apparu que des petits fournisseurs de pièces pouvaient gripper toute sa supply chain, a précisé Nicolas Bouvet. Le stress test permet donc aux entreprises de comprendre la résilience de leurs supply chain, d’identifier leurs maillons faibles et d’agir rapidement pour réduire l’impact de disruptions tant sur leurs clients que sur leurs opérations et leurs finances ». AD