L’immobilier logistique français marque le pas, selon le dernier point marché d’Arthur Loyd Logistique : « Si l’activité des utilisateurs s’est maintenue au 1er semestre, elle a connu au 3ème sa plus faible performance depuis 2015, avec seulement 743 000 m² commercialisés. Les incertitudes pesant sur l’évolution de la consommation des ménages et les carnets de commande des entreprises, dans un climat macroéconomique bouleversé par la guerre en Ukraine et la crise énergétique, poussent certains donneurs d’ordre à l’attentisme », note Didier Terrier, le directeur d’ALL. Sur 9 mois, le recul n’est toutefois que de -14% comparé à l’excellent cru 2021, avec 2,3 M de m² placés. Ce retrait reste assez léger sur la dorsale, mais avec des dynamiques contrastées. Côté Hauts-de-France, les 369 000 m² acquis ou pris à bail voient un net repli par rapport au record de l’an dernier (voir NL 3428), tout en surpassant de +19% la moyenne décennale. Quant aux pôles parisien, lyonnais et marseillais, ils affichent une forte progression de +54% par rapport à l’an dernier, avec 1,4 M de m² placés. Mais sur les secteurs secondaires de l’Hexagone, le repli est de -35% (585 000 m² placés) et n’épargne pas les 3 pôles leaders (région orléanaise, Grand-Est et Occitanie). Il faut dire qu’hors dorsale, le segment des transactions dépassant 40 000 m² affiche un recul de -70%, que ne compense pas la progression des opérations sur le créneau 10 000/20 000. À l’échelle du marché hexagonal, la baisse de la demande placée est surtout manifeste pour les surfaces neuves ou à construire, même si elles comptent pour 61 % du volume commercialisé, note ALL. « Les développeurs sont confrontés à trois défis de taille : à la complexification croissante des obtentions de permis de construire, liée à la mobilisation contre l’artificialisation des sols, sont récemment venues s’ajouter des difficultés d’ordre économique, comme la grande volatilité des coûts de construction, ou de nature financière, avec un accès plus restreint au crédit, explique Didier Terrier, en faisant le lien entre cette offre neuve qui se restreint et la tendance haussière des loyers, après 6 ans de relative stabilité sur la plupart des secteurs. « Et la notion de marché cyclique n’est pas pour autant synonyme de retour aux pratiques d’autrefois », prévient-il, en prenant pour exemple la réglementation sur l’artificialisation. Sauf effondrement du marché des utilisateurs, ou revirement brusque de la position du législateur, l’heure est à la fin de l’abondance pour le foncier logistique, selon lui. MR