Avec 794 000 m² placés au 3ème trimestre, le marché français de l’immobilier logistique s’est montré plutôt robuste, porté par les prestataires et la grande distribution, mais avec un fléchissement de la dynamique record de 2021, qui s’était prolongée sur le 1er semestre. Faut-il y voir « l’amorce d’un nouveau cycle ? », s’interroge CBRE dans un bilan fondé sur les derniers chiffres Immostat (pour les surfaces dépassant 5 000 m²). De fait, les 2,9 M de m² commercialisés depuis janvier ont beau représenter une performance supérieure de +10% à la moyenne décennale, le retrait est de -15% par rapport à l’an dernier. « Les incertitudes se sont multipliées et la conjoncture s’est dégradée, mais le tassement de l’activité est aussi à relier au manque d’offre disponible » relève Pierre-Louis Dumont, directeur exécutif Agence Industriel & Logistique France de CBRE, constatant la difficulté qui en découle pour réaliser des transactions en Ile-de-France, Rhône-Alpes, ou région Paca. Ce recul de l’offre disponible s’accentue sur la dorsale, et tend même à se généraliser car peu d’entrepôts se libèrent tandis que le développement de nouvelles capacités doit composer avec un durcissement des politiques environnementales. « Le maintien à un niveau satisfaisant de la demande locative, conjugué à une politique de sobriété foncière, orientent toujours à la hausse les valeurs locatives sur les secteurs les plus tendus », prévient Pierre-Louis Dumont, en observant une croissance des loyers à deux vitesses à l’échelle de l’Hexagone, car ce déséquilibre et la tendance haussière sont moindres sur certains marchés « plus offreurs ». Au-delà, d’autres facteurs pourraient grever l’activité logistique ces prochains mois, relève CBRE, en citant les incertitudes conjoncturelles liés à la crise énergétique ou à la baisse du pouvoir d’achat des ménages, et en misant sur un « scénario d’atterrissage inférieur à 4 M de m² » sur l’ensemble de 2022 (un cap bien dépassé l’an dernier). On notera que la dynamique semble aussi fléchir du côté des investisseurs. « Sur fond de tensions géopolitiques, de poussée inflationniste et de remontée des taux de financement, ils réévaluent leur stratégie de cession et/ou d’acquisition pour l’adapter au nouveau paradigme financier », observe François-Régis de Causans, directeur Investissement I&L chez CBRE, qui anticipe un ralentissement de l’activité au dernier trimestre tout en entrevoyant un bilan « tout à fait honorable » de plus de 6 Md€ investis sur le marché français en 2022. MR