Newsletter quotidienne n° 3536

Avec 2,1 Md€ de CA en 2021 (+5%), et quelque 5 M de m² dans une quarantaine de pays, le discret 3PL belge Katoen Natie a pris une envergure mondiale depuis sa première incursion hors du « plat pays » en 1995, et l’ouverture d’une plateforme près de Metz pour accompagner les besoins logistiques de son compatriote Solvay. Cela illustrait alors la spécialité très industrielle (notamment pour la chimie) de cet acteur fondé au milieu du 19^ème siècle au sein du port d’Anvers. Prestataire portuaire et de services semi-industriels sur tous les continents, Katoen Natie a depuis marqué des points en tant que logisticien plus classique via sa Business Unit « Biens de consommation et vente au détail », qui représente aujourd’hui un quart du CA du groupe, et sous-tend particulièrement sa croissance en Belgique et en France (le site messin évoqué relève d’ailleurs aujourd’hui de cette BU). Plus d’une centaine de clients grands comptes bénéficient de ses fortes expertises dans le textile, l’équipement maison/jardin, le bricolage, les pièces détachées, et bien sûr le e-commerce. Dans l’Hexagone, ce groupe toujours familial a généré l’an dernier 140 M€ de CA et compte plus de 700 000 m², essentiellement répartis entre son pôle mosellan, celui du Havre et la zone de Saint-Martin-de-Crau, dans les Bouches-du-Rhône (une bonne moitié des m² en question). Parmi ses clients de longue date figurent aussi bien une enseigne de sports bien connue que le groupe Kingfisher (et ses enseignes Castorama et Brico Dépôt), ou plus récemment l’enseigne Alinea, pour lequel une large prestation omnicanale s’est déployée l’an dernier dans le sud (voir NL 3405). Et c’est sur ce même pôle qu’une prestation a démarré début 2022 pour le producteur de dispositifs médicaux Sartorius, afin d’accompagner le doublement de ses capacités de production. L’innovation est à chaque fois au cœur de la collaboration, en termes de SI comme d’automatisation au service de la performance, par exemple récemment pour Kingfisher sur le volet manutention/picking, ou en Belgique avec le déploiement d’une installation goods-to-man à étagères mobiles de Geek+ pour la marque textile Stanley/Stella. En 2022, Katoen Natie compte accélérer sur ce volet innovation en investissant dans le développement de son pôle belge multi-compétences (systèmes, stratégie, process & ingénierie) pour accentuer la veille, tisser des partenariats ou mener des POC, en lien avec ses relais sur chacun de ses pôles géographiques (le drone d’inventaire de l’allemand Doks.innovation est par exemple expérimenté à Saint-Martin-de-Crau). MR

La spécificité de l’enseigne américaine Domino’s de vente de pizzas en livraison et à emporter est qu’elle produit elle-même sa pâte fraîche, livrée quotidiennement sur ses 18 000 points de vente dans le monde, en très grande majorité des franchisés. « Depuis plus de 60 ans, on livrait la pâte à pizza en magasin dans des plateaux contenant en moyenne 6 à 10 pâtons, un schéma logistique qui consistait à transporter près de 80% de vide. Il fallait donc trouver une solution beaucoup plus green» explique Hugo Ruiz, directeur Supply Chain de Domino’s pour la France, où l’enseigne dispose de 460 points de vente. Pour optimiser l’espace sur les plateaux réutilisables, Julien Marques, responsable Amélioration Continue, propose « d’inverser la poussée de la pâte » afin qu’elle soit verticale et non plus horizontale. L’équipe choisit alors Gamma-Wopla, spécialiste belge dans la conception d’emballages plastiques réutilisables, pour l’accompagner dans la conception d’un nouveau bac plastique permet de contenir 3 fois plus de pâte à pizza et d’une pince pour prélever les pâtons. Nom du projet : Golf, car ces bacs sont composés de 18 trous. La première phase a été lancée et 35 magasins en France sont déjà livrés en pâte fraiche depuis l’usine de production de Gennevilliers avec des bacs plastiques Golf de Gamma-Wopla. La deuxième phase portera sur la livraison des 170 magasins à partir de l’usine de Vertou, près de Nantes, avant une généralisation de l’approvisionnement à l’aide des bacs Golf aux 300 autres magasins au départ de l’usine de Gennevilliers. Et une quatrième phase est déjà prévue pour livrer les 500 points de vente basés en Belgique et aux Pays-Bas. Au final, ce projet d’origine franco-française sera donc étendu pour approvisionner 1 000 points de vente Domino’s en Europe à l’aide de plus de 150 000 bacs. « Nous avons considérablement diminué notre impact carbone en matière de transport. De plus nous enregistrons un gain de 50% sur l’espace de stockage en magasin et une meilleure productivité avec 3 fois moins d’allers-retours pour récupérer les pâtons dans les chambres froides » constate Thomas Fredon, le directeur Innovations & Opérations Europe de Domino’s. JLR

Urby vient d’acquérir 80% du capital de la start-up lilloise Stocknord, spécialisée dans la location de containers. Cette acquisition, dont le montant annoncé approche le demi-million d’Euros, va permettre à la filiale de La Poste et de la Banque des Territoires d’élargir son offre actuelle, proposée dans 23 villes dont 19 métropoles en France de services de livraison urbaine en véhicules à faible émission et d’enlèvement de marchandises (tous formats), de stockage et de collecte d’emballages professionnels (cartons, plastiques, bois …). « L’essor du e-commerce et la pandémie de la Covid-19 ont fait exploser le nombre de marchandises à entreposer dans et autour des agglomérations» constate Frédéric Delaval, le président du réseau Urby. En plus des centres de mutualisation de 2 000 à 4 000 m² situés en périphérie des villes, et des Espaces de Logistique Urbaine (ELU) de 200 à 400 m² en centre-ville, Urby va ainsi pouvoir proposer à ses clients l’offre de self-stockage de proximité sans engagement de Stocknord, qui s’appuie en périphérie des villes sur des conteneurs sécurisés et traités contre l’humidité et la condensation (en trois tailles, 7, 14 et 28 m²). Le service locatif de Stocknord est déjà commercialisé en Ile-de-France, à Bordeaux, Rennes, Strasbourg et Lille. Il sera progressivement déployé sur l’ensemble du réseau Urby. JLR

Attention, l’objectif de doublement de la part modale du fret ferroviaire dans le transport de marchandises en France pourrait ne pas être atteint d’ici 2030. Voilà en clair le message que vient d’adresser au gouvernement l’alliance 4F (Fret Ferroviaire Français du Futur). Composée d’associations, d’opérateurs de fret ou encore de spécialistes du transport combiné (Fret SNCF, DB Cargo, Captrain, T3M, Froidcombi, Union TLF, GNTC, AUTF, etc.), cette organisation représentative de la filière reproche au gouvernement de ne pas lui avoir accordé d’aides pour faire face à la crise énergétique actuelle, comme il a déjà pu le faire pour les particuliers et les professionnels du TRM. « Pour l’heure, les entreprises ferroviaires restent oubliées par ces mesures, alors que le secteur du fret ferroviaire pâtit de cette hausse généralisée des prix de l’énergie, explique l’alliance. Avec une augmentation moyenne pondérée du prix du Kwh de 70 %, la filière estime que la crise énergétique va lui coûter 55 M€ en 2022. » Une aide conjoncturelle correspondant à ce montant a été récemment demandée au gouvernement, mais elle lui a été refusée en réunion interministérielle. Représentant quasiment un tiers du montant de l’aide annuelle accordée aux opérateurs au titre du plan de relance (170 M€), 4F considère donc que la part modale du fret ferroviaire pourrait ne pas atteindre les 18 % d’ici 2030 en France. « Le gouvernement remet en cause les chances de parvenir à cet objectif », déplore Franck Tuffereau, coordinateur de l’alliance 4F. AD

L’éditeur de solution cloud de S&OP Colibri sort une nouvelle version de Flow, son module d’optimisation des flux, conçu pour planifier la distribution intersites à plusieurs niveaux, la production de biens manufacturés et l’approvisionnement de produits ou de composants achetés. « De bonnes prévisions permettent d’anticiper les opérations de la supply chain. Cette anticipation est synonyme d’amélioration du taux de service, de réduction des stocks et de limitation des urgences. Colibri Flow permet de planifier simplement et précisément toutes ces opérations » résume Cédric Hutt, le directeur Produit de Colibri. Au programme des améliorations apportées par cette nouvelle mouture figurent notamment la possibilité de définir les politiques de stock, les stocks de sécurité, et le stock maximum pour chaque article dans chaque site, ainsi que le calcul d’un plan global sur tout le réseau selon différents scénarios de groupage des ordres. JLR

Après avoir reçu les permis de construire en février dernier, le promoteur néerlandais Delta Development vient de lancer la construction d’un centre logistique européen pour l’américain Levi Strauss à Dorsten, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, au Nord d’Essen (voir NL 3354). « Quel était l’endroit idéal pour livrer le plus efficacement possible en Europe continentale? C’est la question que Levi Strauss nous a posée en 2019 », explique le conseil en immobilier JLL, qui a accompagné le propriétaire des marques Levi's, Dockers, Signature by Levi Strauss & Co et Denizen (5,6 Mds de $ de CA en 2018). « Les emplacements possibles se situaient dans une zone allant des Pays-Bas à la République tchèque en passant par l’Allemagne ». Cette base logistique de 70 000 m², loué par Levi Strauss sur 20 ans, doit être livrée en avril 2024. Elle sera bâtie selon une approche “cradle to cradle” (recyclage, béton durable, conservation des ressources et réduction des déchets), et vise les certifications LEED et WELL. A l’intérieur, TGW installera son système goods to man FlashPick, capable, les jours de pointe, d’expédier jusqu'à 350 000 articles. Le cœur de l'installation est formé par un système de navettes à 5 allées combiné à un magasin automatisé comptant 830 000 emplacements de stockage. Les commandes sont traitées sur 10 stations de préparation de commande PickCenter et le réseau du système de convoyage KingDrive éco-énergétique de 8 km relie toutes les zones de l’installation. Le tout sera piloté par le logiciel TGW Warehouse Software. Dans sa première phase, l’entrepôt prévoit de livrer jusqu’à 33 millions d’articles par an, puis 55 millions à pleine capacité. Personne ne parle du coût total de ce projet qui doit démarrer avec 100 employés, et qui pourrait monter à terme jusqu’à 650. VL

Ovrsea poursuit sa stratégie de développement à l’international. Après s’être implanté en Espagne et aux Etats-Unis sur le 1^er trimestre (voir NL 3517), le commissionnaire de transport digital a ouvert un troisième bureau international à Milan. « L’Italie est un pays-clé sur le marché de la logistique européenne grâce à ses réseaux autoroutiers et maritimes développés, ainsi que ses très nombreuses entreprises locales exportatrices, notamment dans les secteurs de l’automobile et des produits pharmaceutiques », explique Ovrsea. Dans ce pays, où elle compte déjà des clients locaux dans les secteurs du luxe et des cosmétiques, la start-up entend devenir le partenaire privilégié de 300 entreprises italiennes, avec l’objectif d’atteindre 100 M€ de CA de l’autre côté des Alpes d’ici 2025. Dans cette perspective, la jeune pousse va recruter une dizaine de collaborateurs. A la fin de l’année, le commissionnaire devrait avoir quasiment doublé ses effectifs avec près de 200 salariés présents dans cinq pays en Europe et en Amérique du Nord. Ovrsea compte s’implanter dans au moins deux autres pays avant la fin 2022. AD