On aurait pu penser que l’Etat, échaudé au premier semestre 2020 par les difficultés de l’approvisionnement et de la distribution des masques et des tests, aurait en quelque sorte été « vacciné » à l’importance stratégique de la logistique. Apparemment il n’en a rien été puisque le gouvernement, quoi qu’il en dise, a été contraint de revoir sa copie pour « amplifier, accélérer, simplifier » la campagne de vaccination, à peine une semaine après son lancement. Qu’il ait fait appel à des cabinets de conseil (McKinsey, Accenture, Citwell et JLL) pour l’épauler dans cette entreprise n’a selon moi rien d’infâmant, bien au contraire. Ce qui est en revanche plus étonnant, c’est que cette centaine de consultants expérimentés n’ait pas été mobilisée plus tôt qu’à la mi-décembre pour mettre la stratégie vaccinale définie par les politiques en adéquation avec les contraintes et les moyens à disposition pour la piloter et l’appliquer de la manière la plus efficace possible. Dans les grands groupes, l’élaboration de stratégies supply chain d’une telle ampleur ne nécessitent-elles pas plusieurs mois ? L’Etat n’était visiblement pas vacciné pour traiter plus en amont les aspects logistiques. Mais il est bien connu qu’un vaccin n’est réellement efficace qu’après la deuxième injection…
Jean-Luc Rognon