Il y a deux ans, une rumeur avait prêté à Amazon la volonté d’installer un vaste site logistique au nord de l’agglomération nantaise, à Grandchamp-des-Fontaines. Face à la levée de bouclier qui prenait forme en local sur cette commune voisine de Notre-Dame-des-Landes, le e-commerçant était sorti de sa réserve coutumière pour démentir tout projet sur la zone, la confusion ayant été entretenue par son habitude de ne confirmer ses choix d’implantation qu’une fois les bâtiments réalisés, ou presque. Mais son intérêt pour la région se confirme aujourd’hui pour l’installation d’un nouveau « fulfillment center »… au sud de l’agglomération nantaise, sur la commune de Montbert. Et le projet est cette fois documenté par un avis de la Mission régionale d’autorité environnementale (MRAe) des Pays de la Loire rendu en début de semaine dernière. Cette instance commente le projet monté par la société Ory4Fulfillment, filiale d’Amazon Europe, de bâtir un entrepôt de 4 niveaux totalisant près de 185 000 m² sur une parcelle de 14,5 hectares au sein du parc d’activités de la Bayonne. On notera que la société en question avait été créée par Amazon courant 2017 pour accompagner la mise en oeuvre de son projet de Brétigny-sur-Orge, son premier entrepôt en France à reposer un système de stockage et de préparation via des étagères mobiles signé Amazon Robotics. Justement baptisé Ory4 dans la nomenclature interne, ce site francilien de 150 000 m² (avec une automatisation sur ses niveaux R1 et R2) s’est depuis concrétisé, jusqu’à son inauguration en bonne et due forme il y a un an (voir NL 3007). Mais dans son organisation, le nouveau projet nantais renvoie plutôt au deuxième fulfillment center automatisé actuellement en cours de construction près de Metz, avec ses 185 000 m² répartis sur 4 étages (soit un niveau automatisé en plus). Amazon reste d’ailleurs encore sur discret sur ce dernier, pour lequel c’est le nom du développeur d’immobilier logistique Argan qui figure en première ligne. À Nantes, comme à Brétigny, Amazon est plus directement à la manœuvre, l’étude d’impact fournie au MRAe indiquant qu’avant ce choix d’implantation, une dizaine de sites alternatifs ont pu être envisagés. Aucun calendrier de réalisation n’est mentionné à ce stade, le projet en étant encore à ses prémices, et pas encore à celui de la demande d’autorisation d’exploiter ou de l'enquête publique. L’avis de la MRAe relève que certaines dispositions environnementales ont été réglées par l’autorisation décrochée fin 2016 au niveau du parc de la Bayonne, et souligne la cohérence de la formule d’un entrepôt sur 4 niveaux avec les récentes directives sur la limitation de la consommation de foncier et d’artificialisation des sols. Mais son avis, consultatif, s’interroge sur la place prise par les parkings dévolus aux véhicules des salariés, plus de 800 personnes devant opérer en simultanée sur place, pour un potentiel fonctionnement H24, 7j/7. Et une interrogation plus fondamentale est soulevée sur la pertinence d’une implantation en région nantaise au regard de la géographie des flux d’Amazon et de l’organisation de son réseau logistique dans l’Hexagone. Un réseau dans lequel un projet d’envergure est d’ailleurs en standby, près de l’aéroport de Lyon, où une implantation sur 150 000 m² peine à faire son chemin dans un contexte local modifié par les dernières élections municipales. MR
Le projet évoqué à Montbert, au sud de Nantes, totalise près de 185 000 m² répartis sur 4 niveaux, dont trois réservés au système automatisé signé Amazon Robotics.
Crédit photo © DR (illustration tirée de l’étude d’impact)