Soyons honnêtes, si je vous avais demandé il y a quelques semaines de me citer une supply chain où les relations sont sereines, transparentes et équitables entre tous les maillons de la chaîne de valeur, je ne suis pas certain que vous m’auriez spontanément répondu l’agroalimentaire. Mais c’était avant… Pour faire face à cette crise sans précédent, les grandes organisations professionnelles françaises représentatives des industriels (ANIA, Coopération agricole), des prestataires (FNTR, OTRE, Union TLF) et des distributeurs à dominante alimentaire (FCD) de cette filière ont réussi il y a quelques jours à se mettre toutes d’accord, pour la première fois, sur une série de recommandations. Elaborées sous l’égide de l’Etat, en l’occurrence de la DGITM (direction générale des infrastructures, des transports et de la mer), elles ont pour objectif de « maintenir la cohésion et la solidarité de la chaîne » lors des inévitables et légitimes révisions de gré à gré des conditions contractuelles et commerciales qui vont débuter entre chargeurs et prestataires transport & logistique, ces derniers étant confrontés à des surcoûts exceptionnels liés à la crise sanitaire. Les recommandations sont au nombre de quatre : répercussion (industriels et distributeurs acceptent de payer des surcoûts, en tenant compte de la situation de chacune des parties au contrat), modération (les prestataire s’engagent à ne présenter que des surcoûts justifiés, sans abus ni recherche de profits exceptionnels dans leurs marges), concertation (les négociations bilatérales vont s’engager au plus tôt, sans délai ni précipitation) et médiation (préférée à toute forme de contentieux si certaines de ces discussions de gré à gré n’aboutissent pas). Cette initiative, même si elle n’a pas véritablement de valeur légale, montre l’état d’esprit constructif et responsable de cette chaîne ô combien vitale pour l’alimentation des 67 millions de Français ! -Luc Rognon