L’évolution épidémiologique récente du coronavirus, notamment en Corée du Sud, en Italie et en Iran, s’avère suffisamment préoccupante pour que 70 établissements hospitaliers supplémentaires, dotés d’un SAMU, soient activés en France dès aujourd’hui afin d’augmenter les capacités de tests, « si nécessaire ». Le gouvernement ne mésestime pas non plus l’impact négatif de Covid-19 sur la supply chain, pardon, la « chaîne de valeur ». Le ministère de l'Economie et des Finances a ainsi réuni vendredi les organisations patronales et les représentants de nombreuses filières industrielles pour aborder le sujet. « Cette épidémie remet en cause un certain nombre de chaînes de valeurs qui sont trop dépendantes de leurs approvisionnements à l'étranger » a notamment lancé le ministre Bruno Lemaire, aux côtés de sa secrétaire d'Etat Agnès Pannier-Runacher. Au-delà de mesures de court terme destinées à limiter l’impact du Covid-19 sur la trésorerie des entreprises françaises, notamment les PME, Bruno Lemaire a aussi demandé aux donneurs d’ordre de « faire preuve de solidarité vis-à-vis de leurs sous-traitants de second ou de troisième rang », en particulier dans le secteur du luxe, de la mode, et dans l'industrie automobile. Considérant la problématique davantage sur le long terme, le ministre a annoncé l’ouverture d’un chantier sur les vulnérabilités stratégiques d'approvisionnement de toutes les filières industrielles françaises, en évoquant en premier lieu l’automobile et la santé. « Nous allons, avec Agnès Pannier-Runacher, procéder à cette analyse, tous secteurs industriels confondus, identifier les éléments critiques sur lesquels il est indispensable de rétablir une indépendance économique et une indépendance stratégique, et ensuite en tirer les conséquences en termes d'organisation de nos filières » a-t-il déclaré. Et de citer en exemple la décision prise avec l'Allemagne « de créer notre propre filière de batteries électriques pour être indépendant économiquement et rapatrier la création de valeur en France ou en Europe ». Sachant que « 80 % des matières premières pour les composants actifs d'un médicament proviennent de Chine ou d'Asie », le secteur pharmaceutique, relativement discret jusqu’à présent sur les risques de rupture d’approvisionnement liés au Covid-19, est déjà dans le collimateur. A noter que le gouvernement ne découvre pas le problème avec l’apparition du coronavirus puisque le Premier Ministre avait confié dès septembre dernier à Jacques Biot (ancien président de l’Ecole Polytechnique) une mission sur l’analyse de la supply chain de ce secteur pour en identifier les vulnérabilités et proposer des solutions. Cela tombe plutôt bien, ses conclusions sont attendues dans les prochains jours… Jean-Luc Rognon