« In a world of Volatility, Uncertainty, Complexity and Ambiguity? ». On croirait presque entendre le speaker à la voix grave d'une bonne vieille bande-annonce de blockbuster américain des années 90. Depuis quelques années, le côté VUCA du monde actuel est très souvent mis en avant en supply chain, notamment par les éditeurs d'outils de planification et de prévision et les cabinets de conseil. Parmi les symptômes les plus spectaculaires de cette « VUCAité », le plus souvent cité est une sorte d'effet papillon 2.0 : l'avis élogieux d'une blogueuse ou d'une influenceuse à Shanghai provoquant la rupture de stock d'un produit cosmétique à l'autre bout de la planète. Mais avec le feuilleton au long cours du Brexit et les tentatives protectionnistes répétées du président des États-Unis, l'incertitude et l'instabilité règne aussi du côté des tarifs douaniers. Qui aurait ainsi pu prévoir que l'OMC donnerait son feu vert à Donald Trump la semaine dernière pour taxer davantage les vins et les fromages français, notamment, en dédommagement des aides européennes à Airbus ? Il est d'ailleurs intéressant de se rappeler que l'acronyme VUCA ne vient pas du monde digital, puisqu'il a été inventé en 1987 par des cadres de l'US Army pour décrire le côté peu prévisible du monde multilatéral de l'après-guerre froide. Du VUCA, on a encore rien vu !
Jean-Luc Rognon