La taxe R-pass risque de pédaler dans la choucroute
C’est à une véritable levée de boucliers des transporteurs routiers et de nombreux représentants de l’économie alsacienne qu’est confronté Frédéric Bierry, le président (LR) de la CEA, la Collectivité Européenne d’Alsace, résultant de la fusion des départements du Haut et du Bas-Rhin. Sa présentation la semaine dernière de l’étude d’impact économique de la taxe poids lourd alsacienne R-pass (réalisée par Deloitte) a mis le feu aux poudres. Sur le fond, les acteurs regroupés dans le Collectif pour la Compétitivité de l’Économie Alsacienne (CCEA) continuent de contester l’efficacité de cette mesure pour désengorger les routes frontalières empruntées par de nombreux poids lourds allemands cherchant à contourner leur propre écotaxe (la LKW-Maut). Sans surprise, ce collectif en dénonce aussi les effets néfastes sur la logistique de production et la compétitivité des transporteurs dans la région. Et côté méthode, il s’indigne d’un calendrier expéditif et à marche forcée ne permettant pas de prendre en compte les remarques et interrogations des parties prenantes. De fait, les observations sur l’étude sont attendues avant le 7 octobre, alors que le vote sur le principe de la mise en œuvre de la taxe est programmé seulement deux semaines plus tard, le 21 octobre 2024. Il semble d’ailleurs que l’appel d’offres pour choisir l’opérateur qui collectera cette R-pass (et s’appuiera sur 5 portiques existants de feu l’écotaxe) ait déjà été lancé, même si l’entrée en vigueur de l’éventuelle taxe n’est pas prévue avant janvier 2027. Comment démêler l’écheveau ? Qui sait, peut-être grâce aux talents de notre « Premier négociateur », Michel Barnier, qui est attendu à Strasbourg le 26 septembre pour clore le congrès de Régions de France ? Jean-Luc Rognon