Quand la supply de l’aéro se donne des ailes
Jean qui rit et Jean qui pleure. La semaine dernière, lors de la conférence de presse des résultats de l’avionneur et logisticien Daher, c’est ainsi que le président de son conseil d'administration Patrick Daher a résumé la situation très contrastée qu’a connue la supply chain de l’aéronautique française en 2023. Un redémarrage beaucoup plus rapide que prévu après le Covid et un salon du Bourget exceptionnel, mais en même temps des difficultés d’appro de composants, des désorganisations liées aux instabilités géopolitiques, une inflation sur les prix de l’énergie et une tension sur le recrutement à un niveau inédit. Sans oublier le coût très élevé de la future transition énergétique, qui va renforcer le défi de rentabilité déjà manifeste en 2023 sur toute la chaîne de l’aéro. L’autre défi majeur, c’est celui d’une montée en cadence inédite, les carnets de commandes n’ayant jamais été aussi fournis. Fait remarquable : aucune défaillance majeure n’est à déplorer dans le secteur depuis le Covid, notamment grâce à la solidarité au sein d’une même supply chain industrielle, pilotée par son propre comité stratégique de filière (CSF). Créé en 2020 en plein Covid, un premier fonds d’investissement public/privé Ace Aéro Partenaires de près de 760 M€, a déjà permis de venir en aide à Mecachrome et Figeac Aero, ainsi que de finaliser le rachat d’Aubert & Duval par Airbus, Safran et Tikehau Capital en avril 2023. Et le 15 décembre dernier, à l’issue du dernier CSF aéronautique, un nouveau fonds Ace Aéro Partenaires 2 a été lancé. Dès ce trimestre, quelque 400 M€ devraient être abondés par quatre grands donneurs d’ordre Airbus, Safran, Dassault et Thales (ainsi que Tikehau ACE Capital, BpiFrance et le Crédit Agricole) pour aider les PME et ETI de la filière à tenir la montée en cadence. Rien que sur l’Airbus A320, elle devra passer de 50 par mois aujourd’hui…à 75 en 2026 ! Jean-Luc Rognon