« Ce secteur est le bras armé de la réindustrialisation. Point de développement économique sans un secteur du transport et de la logistique fort et agile ! » a déclamé hier matin Laurence Gaborieau, lors de la conférence inaugurale de la SITL à Paris Nord Villepinte. La nouvelle directrice de la SITL chez RX France a ensuite laissé la parole à Anne-Marie Idrac, la présidente de France Logistique, qui a rappelé dans les grandes lignes les propositions livre blanc « Transports de marchandises et Logistique au service d’une France performante » récemment élaboré par la filière à l’attention des pouvoirs publics actuels et des candidats en lice pour l’élection présidentielle (voir NL 3491). Une belle entrée en matière pour la deuxième partie de la conférence, consacrée aux propositions de cinq candidats à l’élection présidentielle, dont le premier tour a lieu dans quatre jours. Tous n’étaient pas représentés (LR et EELV étaient notamment absents). « Ont été invités tous les candidats dont la cote dépassait 5% dans les sondages au moment du lancement de l’invitation » a précisé Jean-Marc Vittori, l’éditorialiste des Echos qui animait le débat. Cette table ronde rassemblait, par ordre alphabétique, Franck Briffaut, maire de Villers-Cotterêts représentant de Marine Le Pen, Bérenger Cernon, responsable CGT cheminots de Paris-Gare de Lyon représentant de Jean-Luc Mélenchon, Olivier Jacquin, sénateur de Meurthe-et-Moselle représentant d’Anne Hidalgo, Sébastien Pilard, ancien conseiller régional des Pays de la Loire représentant d’Eric Zemmour et Jean-Marie Zulesi, député des Bouches-du-Rhône représentant d’Emmanuel Macron. Au menu, plusieurs points de convergence, notamment sur la nécessité de faire remonter le sujet de la logistique en amont dans la prise décision publique, et de favoriser la mutualisation et l’intermodalité, mais aussi des désaccords marqués et quelques « petites phrases ». (voir suite dans cette NL). JLR
Le 17 mars, le Prix Coup de Coeur des Rois de la Supply Chain 2022 a été attribué par le public à l’équipe Le Souffle du Nord / PTV Group pour leur projet collaboratif de mise en place en un temps record, an printemps 2020 d’une supply chain locale pour répondre aux besoins de masques de protection du CHU de Lille. Retrouvez en vidéo les impressions sur le vif de ces nouveaux ROIs, Vindhya Saravane, le directeur du Souffle du Nord, et Damien Labasle, responsable commercial chez PTV Group, au micro de Maxime Rabiller le soir même du couronnement. JLR
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Lors de l’inauguration de la SITL hier (voir Une), sous la houlette de la président de Farnce Logistique Anne-Marie Idrac, les représentants de 5 candidats à la présidentielle ont donné un bref aperçu des propositions et des points de vue de leurs programmes respectifs en faveur du transport et de la logistique au service d’une France performante. En voici quelques morceaux choisis :
Représentant de Marine Le Pen : pour Franck Briffaut, le nombre d’échangeurs autoroutiers est trop restreint, il faut restaurer la compétitivité du rail dont il dénonce l’ouverture à la concurrence non maîtrisée, cesser d’abandonner les petits lignes et mettre fin aux lourdeurs dans l’attribution des sillons. Farouchement opposé à la politique des ZFE qu’il considère d’un « dirigisme inadmissible », il prône plus généralement une méthode au cas par cas pour l’aménagement du territoire en logistique. « Dans certains endroits il sera nécessaire de massifier les flux, de faire des hubs, dans d’autres endroits ce n’est ni possible ni même souhaitable. On ne peut pas répondre aux mêmes problématiques d’aménagement partout, le rôle du politique c’est d’articuler, sur un pays qui n’est pas homogène contrairement aux pays références en la matière comme la Suisse l’Autriche et les Pays-Bas ».
Représentant de Jean-Luc Mélenchon : également favorable à la fin des ZFE qui engendrent du « séparatisme social », Bérenger Cernon, a commencé son discours sur le « manque criant de personnel, notamment des caristes, des logisticiens des manutentionnistes », sur le vieillissement de cette population (30% ont plus de 50 ans) et sur les besoins de formation initiale et post diplômante, de reconnaissance des critères de pénibilité, ainsi sur la remontée du SMIC à 1 400 € et. L’une des priorités de son candidat : remettre les moyens dans le fret ferroviaire : 6 Mds € par an pour rénover le réseau existant. « Nous mettrons fin à l’ouverture de la concurrence, nous renationaliserons la SNCF » a-t-il lancé en ajoutant qu’à l’avenir les nouvelles plates-formes logistiques devraient systématiquement être embranchées fer.
Représentant d’Anne Hidalgo : Olivier Jacquin, a choisi l’offensive, en estimant que le pacte ferroviaire et la loi d’orientation mobilité ne sont « pas du tout à la hauteur » sur le volet marchandises et que le quinquennat actuel « se termine très mal » avec le contrat de performance de la SNCF Réseau, qu’il considère comme une récession inacceptable avec le réseau ferroviaire qui se dégrade qui nécessite au moins 1 Md€ par an pour l’améliorer. Favorable au principe pollueur payeur, il s’est entre autres prononcé en faveur d’une écotaxe poids lourds qui permettrait réellement d’accompagner la filière pour sa transition (peut-être via une contribution carbone des donneurs d’ordre). « Il faut également envoyer un signal aux consommateurs sur la fausse idée du transport gratuit dans les livraisons e-commerce » a-t-il déclaré.
Représentant d’Eric Zemmour : pour Sébastien Pilar, l’une des priorités est le portuaire (ça tombe bien, il a travaillé 7 ans chez l'armateur maritime CMA-CGM, à Marseille, et 4 à la tête du Terminal du Grand Ouest, à Montoir-de-Bretagne), avec un plan d’investissements massifs sur le Havre et Marseille et une politique d’encouragement du cabotage maritime. Favorable à une très forte réduction de la fiscalité sur la production, il a insisté par ailleurs sur la volonté politique de faire appliquer des décisions déjà prises, faisant par exemple référence au référendum citoyen bafoué sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. « Scandalisé » par le concept de ZFE, qui pénalise les citoyens les plus modestes, il invite l’UE à faire pression sur la Chine et les Etats-Unis, « à l’origine de 41% des émissions mondiales de CO2, contre1% pour la France ».
Représentant du candidat Emmanuel Macron : Jean-Marie Zulesi a tout d’abord salué l’action du président « pour relancer cette logistique qui a été longtemps oubliée, notamment par le quinquennat précédent de François Hollande », puis a développé trois points importants pour l’avenir de la filière : décarbonation, attractivité, gouvernance. Rappelant l’obligation d’installer des panneaux photovoltaïques sur les entrepôts dans la loi Climat et Résilience, il a déclaré que l’avenir était au « mixte énergétique », en citant en exemple le très récent « rajout du B100 dans les Crit’air 1 », et l’accompagnement des innovations dans l’électrique et l’hydrogène par le plan France 2030. Convaincu de la nécessité d’un portage politique de la logistique à tous les niveaux (national, régional, local), il a par ailleurs évoqué un futur groupe d’étude dédié à la logistique à l’Assemblée nationale et au Sénat. JLR
La robotique est appelée à prendre une nouvelle dimension sur les sites logistiques de GLP (ex-Gazeley). En effet, l’investisseur et développeur immobilier chapeaute depuis quelques mois la start-up Global Robotics Services (GRS). Présente à la SITL, cette jeune pousse chinoise créée il y a environ quatre ans propose des solutions robotiques de tri sur un modèle serviciel, dit Robot as a service (Raas). Surtout présente en Asie et aux Etats-Unis, elle dispose d’une filiale basée au Royaume-Uni et ambitionne de ce fait de se développer en Europe avec son offre qui inclut des services de consulting, de mise en œuvre et de maintenance et la fourniture de robots estampillés Libiao Robotics ou Hai Robotics. « Nous comptons aujourd’hui trois clients en France, en Grèce et en République tchèque, et nous ambitionnons d’en avoir une dizaine à la fin de l’année puis 20 ou 25 en 2023 », indique Martin Herbrich, directeur commercial Europe de GRS. La start-up en totalise une quarantaine dans le monde, incluant aussi bien des 3PL que des enseignes de produits de beauté / cosmétiques ou encore de textile (Geodis, FL Logistics, L’Oréal, Victoria’s Secret, Anta, etc.). « Nous avons déjà déployé à ce jour plus de 2 000 robots » affirme Martin Herbrich. AD
Les professionnels de la livraison dernier kilomètre peuvent solliciter un nouvel acteur spécialiste des solutions propres depuis la fin 2021. C’est en effet à date qu’a été créée la start-up Flex’n Moov par le constructeur carrossier Gruau. Présent pour la première fois à la SITL, Flex’n Moov se présente comme un agrégateur de solutions de livraison respectueuses de l’environnement, permettant non seulement de se doter d’un véhicule propre mais aussi de souscrire à cette occasion à différents services (financement, assistance, accès à des données d’utilisation via une data box, etc.). Côté véhicules, la jeune pousse permet aujourd’hui de s’équiper en vélos-cargos K-Ryole ainsi qu’en petits utilitaires 100 % électriques de marque Centro. « Nous avons scellé des accords de distribution exclusifs avec ces deux constructeurs en France », souligne Patrick Buchard, dirigeant de Flex’n Moov. Une fois installée sur le marché français après avoir séduit un maximum de sociétés de livraison ou bien de municipalités souhaitant développer les livraisons propres sur leurs territoires, la start-up envisage d’étendre ces accords de distribution exclusifs à d’autres pays en Europe. AD
Vanderlande a ajouté le robot de picking de la start-up américaine RightHand Robotics à son portefeuille de technologies Smart Item Robotics (SIR). L’équipementier spécialiste des solutions logistiques automatisées considère que son cobot RightPick est particulièrement adapté à des usages en entrepôts ou centres de distribution. Avec sa pince multifonctions (3 doigts de préhension et une ventouse), sa caméra et ses capteurs assurant la reconnaissance des produits, il permet d’automatiser la collecte de divers articles directement dans des bacs. « Nos tests ont montré que sa technologie de préhension ainsi que ses systèmes de vision et ses algorithmes logiciels représentaient la meilleure solution pour les entrepôts automatisés dans le secteur des marchandises générales », indique Terry Verkuijlen, vice-président chargé des solutions en entrepôt chez Vanderlande. A noter que le bras de picking robotisé eOperator présenté l’an dernier par l’intégrateur Element Logic s’appuie également sur cette solution (voir NL 3396). « Les entrepôts subissent une pression forte pour accélérer le traitement des commandes avec le développement du e-commerce », rappelle Leif Jentoft, cofondateur et directeur de la stratégie de RightHand Robotics. AD
Fort de son nouvel actionnaire majoritaire Castik Capital (voir NL 3369), Element Logic a fait l’acquisition de la société SDI Industries. Avec cette opération dont le montant n’a pas été communiqué, le groupe norvégien spécialisé dans les solutions de stockage automatisées basées sur le système AutoStore s’offre un intégrateur donnant accès à toute une gamme de logiciels ainsi que de solutions de mécanisation et d’automatisation (trieurs, AGV, WMS, WCS, etc.). Basée à Los Angeles, l’entreprise emploie aujourd’hui 200 collaborateurs et compte 8 bureaux aux Etats-Unis et 5 en Amérique latine (Brésil, Chili, Colombie, Mexique et Pérou). Créée en 1977, SDI Industries a procédé à ce jour à plus de 400 installations en Amérique du Nord et du Sud. « Cette acquisition est une étape importante dans notre stratégie pour devenir le leader de l’automatisation d’entrepôts dans le monde, indique Dag-Adler Blakseth, Pdg d’Element Logic. Elle nous offre une opportunité incroyable d’entrer sur le marché américain et ainsi d’accélérer notre stratégie de croissance. » SDI Industries s'appuiera sur l'expérience d’Element Logic en tant qu’intégrateur AutoStore de premier plan en Europe pour élargir son offre de services et devenir un intégrateur de cette solution outre-Atlantique. Le rachat sera effectif au 2ème trimestre et les équipes dirigeantes de SDI Industries resteront en place. AD