Cher Papa Noël, pour cette fin d’année 2020 semi-confinée, c’est décidé, j’ajoute à ma liste un vaccin anti-Covid. Et j’ai comme le sentiment de ne pas être le seul dans ce cas, depuis que les premiers laboratoires pharmaceutiques ont annoncé l’autorisation imminente de mise sur le marché de leurs vaccins en fin de tests phase 3. « Y’a plus qu’à », dès lors que leur supply chain est prête à produire à très grande échelle dans différentes régions du globe ! Sauf que la livraison dans des délais les plus courts possibles à plusieurs milliards de Terriens d’un produit aussi thermosensible (notamment les vaccins à base d’ARN messager, à conserver à -80 °C) sera loin d’être une mince affaire.
Cette année, la logistique a déjà été grandement mise sur le devant de la scène, dans les médias et par nos politiques. On s’en serait bien passé, compte tenu de cette pandémie dramatique que nous continuons à subir, mais c’est tant mieux pour l’image de la profession et l’attractivité des métiers de la supply chain. La logistique apparaît aux yeux de tous comme un maillon essentiel du fonctionnement (voire de la survie) de nos sociétés humaines, que ce soit pour réapprovisionner les rayons de nos supermarchés en denrées alimentaires de première nécessité pendant les confinements, pour acheminer en masse des millions de masques depuis la Chine ou pour livrer nos achats de Noël à domicile, en temps et en heure malgré les difficultés liées au boum des ventes sur Internet depuis plusieurs mois.
Et pour 2021, c’est encore sur la logistique qu’il faudra compter pour avoir une chance de se faire vacciner. Car définir la politique publique de vaccination ne suffit pas, encore faut-il pouvoir stocker et livrer aux bons endroits des millions de doses en quelques mois. C’est le travail de réflexion dans lequel s’est lancée une task force interministérielle en charge de la vaccination. Qui sera prioritaire ? Quels seront les moyens de diffusion (médecins de ville, hôpitaux, sites militaires, pharmacies, etc.) ? Sans parler des moyens de stockage et de conservation. Et via quels prestataires logistiques ? La maîtrise de ces éléments sera indispensable à la réussite de l’opération. Mais pas seulement. L’association France Supply Chain (l’ex-Aslog) appelle de ses vœux à une coordination nationale sur le sujet, en prônant l’adoption d’un pilotage global étayé par un véritable plan industriel et commercial (ou S&OP) qui partirait de la demande et non de l’offre. Selon elle, cette démarche contre-intuitive de planification en remontant le flux est la seule qui fonctionne. Reste à voir si le gouvernement prendra ce conseil en considération, à l’heure d’imaginer cette logistique digne du Père Noël.