Ce pastiche du titre d’une célèbre pièce de Luigi Pirandello (que je n’ai ni vue ni lue, soit dit en passant) me semble bien résumer ce qui ressort comme le principal enjeu d’une transformation supply chain réussie. C’était l’un des nombreux sujets abordés lors des passionnantes tables rondes d’ouverture et de clôture du Forum des Rois de la Supply Chain 2024, dont vous trouverez un résumé détaillé à partir de la page 34. J’en retiens que le plus important pour un directeur ou une directrice SC, ce n’est pas tant de dérouler devant ses équipes son plan de bataille mais de savoir « donner du sens » à la transformation, et de considérer ses collaborateurs comme des collabor-acteurs qui vont eux-mêmes, à leur niveau, trouver des réponses pour atteindre la cible commune.
Car l’objectif d’une transformation en supply chain, qu’elle soit omnicanale, digitale, environnementale, orientée client, est presque toujours là pour accompagner une transformation structurelle de l’entreprise face à une crise ou à une évolution du marché. Si toutes les équipes ne sont pas bien alignées sur le sens de ce qui doit être fait, les difficultés vont vite devenir insurmontables face à des injonctions pouvant apparaître comme contradictoires. D’autant plus que dans une transformation, l’objectif est souvent de « rendre possible ce qui ne l’est pas ». Le rôle du directeur supply chain ne s’arrête évidemment pas là : une fois qu’il a donné du sens et de la confiance à ses équipes, ce chef d’orchestre doit choisir le tempo, mettre en musique la nouvelle organisation et les nouveaux processus, si possible de manière collabor-active. Et ce n’est qu’après que devra surgir de ces eaux tumultueuses la face émergée de l’iceberg (surtout pour nous autres journalistes), à savoir le projet technique, le choix d’un outil, d’un système automatisé, voire d’une externalisation.
Partout, la quête collective du sens apparaît comme primordiale. Vous le constaterez dans notre dossier Top 150 des 3PL, c’est aussi ce qui explique l’accent sur la proximité des prestataires logistiques, cherchant à aligner l’évolution de leur partenariat sur la stratégie à long terme du client, au-delà de son cahier des charges et des besoins purement opérationnels. Quand ce sens n’est pas partagé, le risque pour certains projets supply chain, apparemment si séduisants, est de rester dans les cartons, à l’image de la centralisation départementale des pharmacies internes des hôpitaux (voir notre enquête Santé page 68). Vous voulez une dernière preuve de cet incroyable pouvoir du sens partagé ? Cette flamme, allumée et attisée dans un élan collectif, qui n’est sans doute pas étrangère à la moisson record de médailles de nos athlètes tricolores lors des JO de Paris 2024 !