Il est dans l’air du temps de pratiquer une forme de « réarmement » lexical qui consiste à recycler des termes de manière légèrement décalée pour magnifier un changement. À vrai dire, c’est l’impression que j’ai eue en apprenant que le thème de la « Métamorphose » était la ligne directrice choisie pour les trois prochaines éditions du SITL. Puis j’ai entendu les explications convaincantes de la directrice du salon, Laurence Gaborieau, interviewée pour ce numéro. Reconnaissons que la notion de métamorphose illustre plutôt bien la transformation à la fois profonde et progressive par laquelle doivent passer les acteurs du secteur transport et logistique, ainsi que les directions Supply Chain des entreprises, face à des challenges à répétition d’un point de vue réglementaire, environnemental, technologique, digital, etc. Ces dernières années en supply, après l’amélioration continue, c’est en effet le principe de la transformation continue qui prévaut ! Que de grands chantiers en parallèle sur le renforcement de la collaboration avec les fournisseurs, les sous-traitants et les partenaires, sur le recentrage clients, le raccourcissement des circuits d’approvisionnement, sur la décarbonation, l’économie circulaire, le contrôle des pratiques responsables ou la supervision des opérations sur toute la chaîne de valeur. Le tout en s’appuyant sur de nouvelles technologies de collecte de données, d’échange d’informations en temps réel et d’aide à la décision.
Chacune de ces transformations a des incidences à tous les étages, au niveau des organisations, des processus, des outils, des compétences. De plus, la montée en puissance de la robotisation, du machine learning et bientôt de l’IA générative, interroge plus que jamais sur l’évolution de la place et du rôle de l’humain en Supply Chain. Là encore, c’est aux directeurs et directrices SC qu’il revient de s’assurer que cette « métamorphose » ne bascule pas dans un univers kafkaïen. Et les métamorphoses dans notre univers Supply Chain ne s’arrêtent pas là. Nous vous en fournissons deux exemples dans ce numéro, entre celles qui bousculent le paysage logistique (les marketplaces et leurs nouvelles offres de fulfillment) et celles qui modifient le paysage urbain (la multiplication des projets de bâtiments logistiques à étages dans Paris et sa proche périphérie). Au final, l’une des grandes questions reste de savoir si toutes ces transformations en SC seront réellement efficaces pour lutter contre le réchauffement climatique. Face à des logiques de marchandisation de la compensation carbone, par exemple, on en viendrait à demander si ce n’est pas le capitalisme qu’il faudrait arriver à métamorphoser. Cela ne vous rappelle pas la fameuse formule tirée du roman Le Guépard, « Il faut que tout change pour que rien ne change » ?