En théorie, une spirale peut être ascendante, mais il n’empêche que l’on fait le plus souvent appel à cette image pour évoquer des choses carrément négatives, et dont il est très difficile de s’extirper. Le bon exemple, c’est la spirale inflationniste, ce phénomène économique que nous connaissons aujourd’hui avec l’enchainement des hausses des coûts de matières premières et de l’énergie, qui entraînent la remontée du prix des biens, puis des salaires, et ainsi de suite dans un cercle vicieux. Dans ce numéro de Supply Chain Magazine, nous revenons d’ailleurs dans notre dossier Tendances sur les conséquences de l’inflation sur le marché de l’immobilier logistique, sous l’angle de la hausse des loyers. Une autre spirale concerne directement la supply, dont il faut trouver les moyens de sortir sous peine de finir au fond du trou : c’est celle des émissions de gaz à effet de serre par les activités humaines. Par exemple, la montée en puissance des échanges commerciaux internationaux (qui se poursuit) a nécessité d’augmenter l’offre massifiée de transport longue distance, jusqu’ici 100 % basée sur de l’énergie fossile, qui favorise en retour le développement de nouveaux échanges commerciaux qui vont à nouveau alimenter la machine à produire des gaz à effets de serre.
Quels sont les leviers pour sortir de ces deux spirales ? Une reprise économique façon « croissance verte » ? Espérons-le. Mais on peut aussi penser que la Supply Chain jouera un rôle fondamental en tant que « pivot de la réindustrialisation verte », comme l’ont indiqué fort justement Anaïs Leblanc, directrice associée de Citwell et François-Michel Lambert, ancien député et fondateur de l’Institut National de l’Économie Circulaire lors de la dernière SITL. Dans le livre blanc qu’ils destinent au monde politique, ils exposent les 6 modèles économiques permettant de « pivoter » vers une industrie circulaire, en mettant en œuvre des « boucles de circularité ». Car même si chacun sait au fond de lui que les ressources de la planète ne sont pas illimitées, leur consommation devrait passer de 100 à 190 Mds de tonnes entre 2023 et 2060 à l’échelle mondiale ! Il devient urgent d’enrayer cette spirale en reconfigurant les supply chains pour les recentrer sur « la maîtrise d’accès aux matières premières et énergies, la préservation de la matière, et l’efficience toujours croissante dans l’usage des ressources ». Si l’on transpose à l’univers de l’immobilier logistique, il existe déjà un modèle d’économie circulaire et de préservation des ressources (non plus à l’échelle de la planète mais à celle de la France), c’est le principe de Zéro Artificialisation Nette.